Art Paris 2025 : la foire au for contemporain

Téa Antonietti, Harper;s Bazaar France, April 3, 2025
Art Paris 2025 : la foire au for contemporain
Art Paris 2025 : la foire au for contemporain
Vue de l'exposition Art Paris 2025, devant les "Bottes" de Lilian Bourgeat, le 2 avril 2025, au Grand Palais, Paris.
© Foc Kan
 

Trois jours et tout un programme. Pour son retour en grâce au Grand Palais, la foire Art Paris repousse les frontières de la création en plusieurs trajectoires ouvertes sur le monde, vouées à continuellement interroger la scène contemporaine. Itinéraire musclé pour un panorama de découvertes.

 

Dans l’éclat d’un fastueux Grand Palais rénové, se reflète la scène internationale d’art moderne et contemporain. Cosmopolite et régionale, du monde à l’Hexagone, c’est au cœur de la capitale que la foire Art Paris ancre sa 27ème édition, généreuse de propositions, à jamais propice aux rencontres. De la Nef aux balcons, son nouveau parcours sillonne les trésors de 170 galeries de tous horizons, soit une trentaine de plus que l’an passé, de quoi défier l’art de déambuler.

 

Ambitieuse, comme sa panoplie d’images qui saisit l’œil et déclenche le coup de cœur, la foire déploie son harmonie visuelle en deux thématiques phares. La peinture figurative française avec Immortelle, la création sous le prisme de l’hybridation avec Hors limites. Un duo de secteurs qui s’ouvrent sur l’émergent Promesses, tremplin des jeunes galeries. Et alors que dans cet élan de transmission, la foire dessine une passerelle entre art et design avec son segment de French Design Art Edition, son lot de 26 expositions monographiques réparties dans l’espace offre une découverte en profondeur d’artistes signifiants.

 

Questionnements essentiels

Captiver le regard, mais avant tout, le poser sur la peinture figurative française. La trajectoire Immortelle, imaginée en une sélection de trente artistes par le duo de commissaires Amélie Adamo et Numa Hambursin, résiste à l’épreuve du temps. Celui d’une pratique picturale qui traverse les générations, les confronte et les unit, au service d’un héritage tricolore riche en abstraction, enclin à de nouvelles lectures. L’étrange agilité des corps de Dhewadi Hadjab (galerie Mennour), la mouvance surréaliste de ceux peints par Oda Jaune (galerie Templon), ou encore, le songe visuel qui trouble les silhouettes de Barbara Navi (galerie Valérie Delaunay), récitent l’ambiguité réaliste de l’art figuratif. Une discipline qui distancie le sujet volontairement, à coups d’esthétisme intelligent.

 

Dhewadi Hadjab, “Untitled”, huile sur toile, 2025. Galerie Mennour.

Dhewadi Hadjab, “Untitled”, huile sur toile, 2025. Galerie Mennour.

© Dhewadi Hadjab/ Galerie Mennour © Téa Antonietti

 

Barbara Navi, “L’heure bleue”, huile sur toile, 2024. Galerie Valerie Delaunay.

Barbara Navi, “L’heure bleue”, huile sur toile, 2024. Galerie Valerie Delaunay.

© Barbara Navi/ Galerie Valerie Delaunay © Téa Antonietti

 

Le dialogue Hors limites donné par Simon Lamunière dresse ensuite des parallèles culturels entre le genre et la forme, les origines et les parentés. Une géographie créative qui déplie la carte du métissage, guidée par l’œuvre de dix-huit artistes choisis pour les récits de leurs pays. Assemblant des portraits de reines africaines pour restituer les mémoires collectives, Ishola Akpo (galerie Sabrina Amrani) interroge les représentations féminines par le prisme de la photographie, entrelaçant archives coloniales et interventions artistiques. Capturer des espaces défigurés par les bombes pour affirmer la résilience ukrainienne face à la pression militaire, Zhanna Kadyrova (Galleria Continua) créé depuis les vestiges du passé. Des croisements culturels qui engagent des narrations contemporaines puissantes.

 

Promesses, l'œil neuf

De ces trajectoires centrales s’ouvre le champ des promesses. Celles tenues par une nouvelle génération en tête de file de la création contemporaine, qui se veut inspirée et intrépide, réjouissante de jeunesse. Les balcons sud du Grand Palais soutiennent cette émergence, désignée par Marc Donnadieu, offrant à vingt-cinq galeries de moins de dix ans d’existence l’occasion d’exprimer sa pertinence.

 

Dimakatso Mathopa, “Individual Beings Relocated IV”, 2017. Galerie Afronova.

Dimakatso Mathopa, “Individual Beings Relocated IV”, 2017. Galerie Afronova.

© Dimakatso Mathopa/ Galerie Afronova © Téa Antonietti

 

Israfil Ridhwan, “Last Touch”, 2025. Galerie Cuturi.

Israfil Ridhwan, “Last Touch”, 2025. Galerie Cuturi.

© Israfil Ridhwan/ Galerie Cuturi © Téa Antonietti

 

Le jeune monde présenté par Art Paris met le cap sur Johannesburg, où la galerie Afronova explore les intersections identitaires de la scène sud-africaine. Entre Singapour et Londres, la galerie Cuturi mise sur le regard introspectif de l’artiste singapourien Israfil Ridhwan, en une plongée émotionnelle dans son quotidien. Une intimité domestique retrouvée dans les toiles contemplatives de Léa Toutain, à la galerie parisienne Camille Pouyfaucon. Soit des dialogues visuels qui racontent l’ascension de jeunes artistes, qui, puisant dans les codes traditionnels, étendent les horizons contemporains avec touchante authenticité.

 

La foire Art Paris 2025 est à vivre au Grand Palais, du 3 au 6 avril 2025.

 

News Source

of 221